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Expositions collaboratives : focus sur 2 nouveaux sites


Les expositions collaboratives : l’interêt de faire participer les internautes pour faire vivre les collections hors des cimaises.

Une exposition interactive qui se tient au Museum du textile du Canada, à  Toronto, invite les internautes à  se lancer dans une vaste exploration des objets : matière, texture, couleurs, usage… mais aussi des ressentis personnels et impressions face à  l’objet, dans une expérience surprenante à  vivre en ligne. Au visiteur de choisir un tissu, puis une question relative à  celui-ci, et de rejoindre la discussion autour.

Le jeu de mot est simple, et pourtant efficace. La double signification de l’expression « tissu social », à  la fois essence même de ce musée mais également le réseau, nous plonge directement dans une innovante manière de présenter les collections exceptionnelles de tissus. Faisant largement appelle à  sa communauté de visiteurs, sur le modèle de Facebook, dont certains codes graphiques ou de pratique sont repris, donc le fameux « j’aime », Social Fabric se défini comme une plateforme, plus qu’un site internet, et se limite volontairement à  fournir à  l’internaute le contenu (photos des objets et questions relatives), puis laisse savamment le soin aux gens de faire vivre les éléments présentés, leur permettant de s’exprimer librement à  leur propos.

Un grand effort a été réalisé au niveau de l’ergonomie, et les très nombreux items résumés en cinq catégories -plus poétiques que descriptives- font appel à  des sensations inédites pour une telle collection, avec les champs lexicaux du goà»t ou du soleil par exemple :

Dense/aromatisé – éclatant/vibrant – vigoureux/laineux – soyeux/lumineux – doux/vaporeux

On trouve dix exemples par catégorie, puis deux questions par objet, dont une qui s’adresse systématique à  l’internaute de manière très directe. Ce qui fait au total cinquante questions sur lesquelles les internautes sont invités à  répondre, permettant de démarrer véritablement des sujets de discussions à  deux niveaux : un plutêt objectif sur la fonction de l’objet, et l’autre sur son impact sur nous-même.

Les pages des objets en présence s’apparentent à  des profils Facebook, de la galerie photo au « mur » qui ici se retrouve dans les réponses des internautes. Je me suis laissée facilement prendre au jeu, et j’ai eu grand plaisir à  intervenir et finalement, à  faire partie de cette communauté, de ce tissu social. C’est beau, très instinctif et simple d’utilisation. Une idée qu’il serait certainement intéressant de développer pour les musées d’art bien que plus complexe dans la mesure ou, si nous nous habillons tous et sommes donc tous directement sensibles au sujet, il n’en va pas de même pour les œuvres d’art, notamment contemporaines. Mais résolument une belle idée à  creuser !

Le second site internet que je souhaitais développer aujourd’hui est encore en béta, mais s’apparente à  une petite révolution, basée également sur le principe de la collaboration active des internaute :  le National Museum Wales qui entre de plain-pied, et de manière magistrale, dans la réalité virtuelle avec The People’s Collection Wales. Il est difficile de résumer en quelques mots un projet aussi grand, mais pour faire court c’est un programme de sensibilisation à  l’identité culturelle et l’histoire galloises, initié par le gouvernement gallois et impliquant de nombreuses institutions culturelles du pays. Ce programme obéit à  un principe fondateur simple : faire appel tant à  des professionnels que des amateurs pour alimenter le site autour d’une belle idée : les éléments historiques et culturels existent aussi parce qu’il y a des histoires de gens ordinaires autour. Près de trois millions d’objets sont détenus par les musées gallois, dont une majorité inaccessible aux publics pour des raisons évidentes de place. The People’s collection entend corriger cela, afin de permettre à  chaque visiteur –un soin particulier a été fait pour les personnes handicapées- d’avoir accès à  tout objet de leur choix à  tout moment, et sous n’importe quel angle de vue. Un site culturel où les collections et la communauté sont au même niveau d’importance.

Autour du contenu en ligne, des ressources pédagogiques, des possibilités d’interactivités offertes comme sur les réseaux sociaux… les utilisateurs pourront créer leurs propres collections numériques, et contribuer à  enrichir le site en y téléchargeant des objets de leurs collections personnelles, que ce soit en photos, vidéos, fichiers audio ou du texte. Ils pourront également monter leur collection en ligne en ayant un accès facilité aux ressources numériques des musées gallois, les archives ainsi que les bibliothèques, en sauvegardant leurs éléments favoris dans ce qui s’appelle le « scrapbook », voire même de créer leur itinéraire culturel, à  partager avec d’autres par la suite sur le site grâce à  « create a trip ».

Alors notez bien dans vos agendas, le lancement aura lieu au National Eisteddfod en aoà»t prochain avec déjà  30 000 objets accessibles et de tous horizons, que ce soit le sport, la littérature, ou encore le patrimoine linguistique !

Signé : Agathe Lichtensztejn

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