Dans le cadre des Mardis du Grand Palais, j’ai assisté mardi soir à une conférence au titre très prometteur : « Photos sur les réseaux sociaux: sommes-nous tous exhibitionnistes?« .
Bien que le débat ne se soit pas concentré essentiellement sur cette question, il s’agissait avant tout de comprendre pourquoi nous postons des photos, et quels sont les effets, les risques.
Pour répondre à ces interrogations 4 intervenants étaient présents Dominique Boullier (professeur de sociologie et coordinateur scientifique du médialab à Sciences Po); Marie Dinkle (blogueuse de l’inconnudumetro.wordpress.com, site consacré aux photographies d’inconnus prises dans le métro parisien); Delphine Soulas (journaliste média à Presse news, auteur de La Révolution Wikipedia et de Facebook : mes amis, mes amours, des emmerdes – Michalon, 2010); Serge Tisseron (psychiatre, psychanalyste, docteur en psychologie, directeur de Recherches de l’Université à Paris Ouest Nanterre).
Le temps d’un article je serai donc un peu hors sujet mais voici un court aperçu de tout ce qui a était dit.
Pour Serge Tisseron, l’intimité crée une sorte d’ennui, les gens ont alors besoin de communiquer. Cette nécessité a fait naître blogs et autres tchats remplacés aujourd’hui par les réseaux sociaux, Facebook en particulier. Mais à force de se montrer, on ne peut plus se cacher. C’est un véritable cercle vicieux, il faut toujours en mettre plus pour montrer que nous sommes toujours actif socialement derrière notre écran.
Dominique Boullier poursuit le débat en soulignant avant tout qu’il existe plusieurs types de réseaux sociaux mais recentre son sujet (encore) sur Facebook. Sur ce réseau, il y a un dépassement des relations interpersonnels, différents degrés d’amitié (amis proches, collègues, famille,…) sont regroupés « au même endroit ». On informe donc de la même façon différentes sphères.
Delphine Soulas s’interroge sur la place des photos sur Facebook, 1ère photothèque du monde! On peut rapidement perdre le contrêle de notre image (nous ne sommes pas toujours avertis de notre présence virtuelle). De plus, en postant des photos, nous construisons un discours sur une identité fictive: toutes les photos montrent des gens heureux, souriants mais surtout valorisantes. On en montre beaucoup sans que ce soit la « vérité ». Pour Dominique Boullier, l’évolution possible est que notre identité se désolidarise de notre image.
Toutes ces remarques ont amené les intervenant à rebondir sur la notion de sphère intime qui a finalement changé. On accepte aujourd’hui un relâchement des frontières du domaine personnel. Face à ce danger, nous ne sommes pas tous égaux: deux fossés de creusent, l’un générationnel, l’autre social. Dans le premier cas, les jeunes ne sont étonnement pas les plus « exhibitionnistes » car ils ont un autre rapport à l’image. Ils ont toujours vécu avec mais savent qu’une photo ne dit pas forcément la vérité. L’aspect social est finalement apparu avec le plus important, la fracture ne se ressent pas au niveau du matériel mais au niveau de l’usage. En effet, l’éducation à l’image n’est pas la même. Des lacunes sont recensées dans certains milieux: tout l’enjeu se situe dans cet apprentissage.
Les intervenants ont conclus sur le rêle du corps réel. Pour Delphine Soulas, les réseaux sociaux ne le fait pas disparaître: l’internaute derrière son écran doit toujours être actif pour pouvoir le poster sr FB. Au contraire, Serge Tisseron, dans la lignée de Norbert Elias, affirme que les pulsions sont effacées par les nouvelles technologies et par conséquent efface le corps…
A vous de juger… Mais d’après l’expérience « facebookienne » des musées, il est intéressant de constater la facilité de mobilisation des internautes pour des événements in situ…
Alors ne diabolisons pas (trop) Facebook!
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