Voici l’expérience que nous raconte le Brooklyn Museum dans le dernier article de son blog..C’est autour de la nouvelle exposition temporaire du Brooklyn Museum, intitulée The Black List Project et explorant ce qu’est d’être noir aux Etats-Unis, que l’équipe du musée a pensé une nouvelle manière de déposer des commentaires.
Comme nous l’explique Shelley Bernstein sur le blog du musée, les écrans offrant la possibilité aux visiteurs de déposer des commentaires écrits ont toujours très bien fonctionné chez eux, mais ici, l’exposition invitant à partager ses propres expériences, la vidéo s’est avérée une idée à tenter.
C’est ainsi qu’ils ont simplement mis en place deux ordinateurs portables ouverts sur la page de capture instantanée de vidéo sur YouTube.
L’exposition est commencée depuis seulement cinq jours et 14 vidéos de commentaires sont déjà en ligne.



Bien évidemment plusieurs critères rentrent en compte comme la relation de grande proximité que le Brooklyn Museum a développé avec la population locale depuis des années, l’habitude que la population a prise de considérer le musée comme un acteur de leur quotidien, ou encore que la consommation de l’outil de capture instantanée de vidéo plus accrue aux US qu’en France.
Je me demande donc si le public français serait prêt pour une telle initiative ?
Comme le souligne l’article, les deux ordinateurs ont été placé dans un espace ouvert…cela incite-il le public à déposer des commentaires ou au contraire on t -ils besoin d’intimité ? De plus, la vidéo donne un indice sur l’identité du commentateur, on dépasse ici le simple message déposé dans un carnet d’anonymes. A noter aussi que ces vidéos sont directement diffusables dans le monde entier via la page YouTube de l’exposition…
Je finirais par le fait que cette idée est excellente selon moi dans la mesure où elle pousse les musées à toujours tenter de nouvelles choses mais constitue surtout une passerelle directe entre le musée réel et le musée virtuel en transformant instantanément la communauté réelle en virtuelle.
Que pensez-vous de cette nouvelle pratique ?
bonjour,
dans le cadre d’une prochaine expo temporaire au museum de toulouse nous voudrions mettre en place un dispositif de ce genre et je me demandais quelle était la configuration technique la plus simple. Cette idée d’être branché directement sur un réseaux social de vidéo est intéressante pour faire le lien entre les visiteurs sur place et en ligne (j’avais pensé à la nouvelle plateforme 12seconds) mais effectivement il me semble qu’un peu plus d’intimité faciliterai la participation. Et ça dépend évidemment de la question posée. Ici elle est ambitieuse je trouve… Je me demande aussi si les instructions sont pas un peu compliquée du coup (par rapport à un kiosque video classique avec une ergonomie propre : genre un seul gros bouton pour enclencher l’enregistrement et l’arrêter). J’attends les retours de cette expérience du Brooklyn avec attention…
Hello,
Je trouve cette initiative passionnante, innovante et rafraîchissante. Il est juste de se demander si il ne faudrait pas plus d’intimité au cours de cette expérience, même si cette question peut-être contournée par l’utilisation de deux caméras (l’une dans un lieu ouvert et l’autre dans un lieu plus intimiste). Pourquoi de telles initiatives ne voient-elle pas le jours chez nous en Europe, avant qu’elles n’apparaissent aux USA ? Je ne pense pas que cela soit dà» aux visiteurs (plus prêt selon moi à la découverte que ce que l’on croit), mais plus à nos chers musées. La plupart des musées européens, n’osent pas, ne tentent pas et donc ne proposent pas d’expériences de ce genre…par peur…de quoi ? La prise de risque, ne me semble pourtant pas si grande. Les échec et les remises en questions font plus avancer (même à petits pas) que l’inertie.
Merci Diane pour ton blog que j’adore.
@Linda : tu poses les questions qui me préoccupent également travaillant dans un musée et confronté à ces problématiques. J’ai ma petite idée sur la question : si on fait moins d’expérience dans ce genre de démarches c’est avant tout, à mon avis une histoire de culture muséale, de pratiques et des rapports institutions/publics dont il est difficile de s’affranchir. La prise de risques que tu invoques ne fait tout simplement pas partie de cette culture, au delà de savoir si on la considère même, et dans quelle mesure. Un musée ne fait pas de propositions en version « béta ». Un « temple » du savoir qui vouvoie son public dans une culture de « vitrine », ne devient pas facilement une plateforme d’échanges, humble et facilement accessible, interlocutrice avec la diversité de ses visiteurs qui peuvent l’interpeller et la tutoyer et entamer une « conversation » entre eux. Etre simplement à l’écoute, de propos dont elle n’est pas à l’origine, dans une démarche « relationnelle » qui tâtonne et se cherche n’est tout simplement pas « pensé » : ce n’est pas la peur de « donner la parole » en soit (même si c’est déjà beaucoup), mais surtout de perdre son autorité (et sa réputation) qui chez nous vient surtout du discours que l’on maitrise autours des objets et des expos…c’est une évolution en profondeur de la « raison d’être » des musées que l’esprit du web interroge. Et personne (et encore moins une institution) ne change son identité du jour au lendemain. Ce n’est pas une simple question de volonté opérationnelle. Il ne s’agit pas simplement d’installer des outils…Il faut des positionnements stratégiques forts, de vrais choix d’ordres politiques, dès le départ qui infusent l’esprit du musée, intégrés par tous en interne, des conservateurs aux animateurs, qu’ensuite chacun traduira dans son métier. Et quand on a fait ça, il reste encore à déterminer, et c’est pas la moindre des choses, comment on fonctionne en interne. Il ne suffit pas d’avoir des velléités participatives avec les publics si en interne on reste sur des modes de fonctionnements cloisonnés et hiérarchiques qui ne seront pas en phase. Les musées ne savent pas vraiment travailler dans ce sens collaboratif et transversal (par exemple concevoir dès le départ une offre globale d’expos et d’animations en ligne et sur place). Là on est bien dans l’opérationnel mais c’est aussi profondément culturel.
Hi Diane, thanks for posting – this is a very interesting discussion and the google translation widget you’ve installed is fantastic at helping me read it!
@Linda & Samuel : je suis entièrement d’accord, tout est une question de culture. Ne parle-t-on pas depuis des siècles de American Dream avec des entrepreneurs et de traditionnalisme français et européen ? D’un autre cêté, plus on répètera ce genre de phrases, moins on s’en affranchira.
De plus, les musées peuvent être des beta-testeurs de nouvelles technologies et cela peut très bien rentrer dans la stratégie globale du musée.
Un exemple : le Palais de la Découverte a voulu recentrer son propos et son identité sur le mot « Découverte », ils se sont donc lancés dans le développement de codes QR..et dites moi combien de musée se sont lancés là dedans (2 ou 3 selon moi seulement). Bon d’un autre cêté vu le non-succès de l’initiative, c’est compréhensible. Mais le mérite, l’initiative et l’exemple sont bien là pour montrer qu’un musée si français et si musée soit-il, peut se lancer dans un beta-test de ce genre.
Pour moi, le succès du Brooklyn Museum s’explique par la place qu’il a au sein de la population locale depuis des années et son rêle non moralisateur mais d’acteur du quotidien de la communauté locale.
Mais cela prend des années de changement de stratégie, de positionnement et ensuite d’identité et de perception.
Nous sommes sur la bonne voie, mais il ne faut pas demander aux musées de sauter des étapes essentielles car cela abouti souvent sur un échec ou un succès sur le très court terme qui se transforme en expérience oubliée.
@Shelley : Thank you so much! I was currently wondering if this tool was performant or not…and you had just confirmed me what I was hopping!
@ Diane & Samuel,
On est d’accord. Les technologies et autres innovations, ne sont rien sans une ligne directrice intelligente et pertinente en adéquation avec l’image/présence du musée lui même. Il serait vain de penser qu’il suffit de faire un copier-coller de quelque chose qui ailleurs, dans un autre contexte et dans une autre synergie a fonctionné. On peut toutefois s’en inspiré, tout en tenant compte de nos réalités spécifiques.
Merci, merci pour ces échanges d’idées.
Très intérrèssent !